
Le président de la République Emmanuel Macron à Paris le 9 octobre 2025 ( POOL / Thomas SAMSON )
Emmanuel Macron nommera un Premier ministre "dans les prochaines heures", mais pas de gauche, ont rapporté vendredi des chefs de parti après une réunion de crise à l'Elysée qui a "sidéré" la gauche, déçue par l'absence de "réponse claire" notamment sur les retraites.
Après environ deux heures trente de huis clos, convoqué en urgence pour tenter de trouver un compromis gouvernemental face aux vetos croisés, le chef du groupe de députés centristes Liot, Laurent Panifous, a rapporté que le président annoncerait "dans les prochaines heures" le nom du Premier ministre.
Un timing qui n'a toutefois pas été confirmé dans l'entourage du président, de même qu'une possible prise de parole du président dans la foulée.

Le chef du groupe de députés centristes Liot, Laurent Panifous, quitte l'Elysée après une réunion avec le président Emmanuel Macron, le 10 octobre 2025 à Paris ( AFP / Ludovic MARIN )
Aucun des participants n'a pu dire s'il pourrait reconduire le démissionnaire Sébastien Lecornu, un fidèle, scénario qui circulait avec force dans la journée, suscitant un tir de barrage jusque dans le camp présidentiel.
A l'issue de la réunion, ce scénario semblait toutefois pâlir. "Je crois que le président est sorti avec la conviction que c’est pas si simple de le reconduire", a estimé un participant. Et un autre nom commençait à circuler, celui du président LR de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand.
Ce ne sera pas un chef de gouvernement de gauche mais vraisemblablement un macroniste, ont en tout cas jugé l'écologiste Marine Tondelier, le socialiste Olivier Faure et le communiste Fabien Roussel, malgré leur demande conjointe d'accéder à Matignon.
M. Macron n'a apporté "aucune réponse claire" sur les retraites ou le pouvoir d'achat, a déploré le premier secrétaire du Parti socialiste, refusant de donner une "garantie de non censure" au futur exécutif, qui était pourtant le principal enjeu de la réunion.
"Tout ça va très mal se terminer" avec une possible "dissolution" de l'Assemblée nationale, a même lancé Marine Tondelier, "sidérée".
La gauche a jugé décevantes les esquisses de concession sur la réforme des retraites, pourtant inédites dans la bouche du chef de l'Etat qui en avait fait un totem de son second quinquennat.
M. Macron a proposé "non pas de suspendre, mais décaler dans le temps" la mesure sur l'âge de départ à la retraite et non celle sur le nombre de trimestres cotisés, a expliqué la cheffe des députés écologistes, Cyrielle Châtelain.
- "A titre d'exemple" -
Le chef de l'Etat a jugé à l'inverse qu'il existe "un chemin possible pour tisser des compromis et éviter la dissolution", a rapporté son entourage à des journalistes.
Sur les retraites, il a repris "une proposition de la CFDT" visant à "décaler le report de l'âge légal du 1er janvier 2027 au 1er janvier 2028", qu'il n'a "pas endossée" mais citée "à titre d'exemple dans le débat", a-t-on ajouté.
Les chefs du parti Les Républicains, Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez, n'ont fait aucune déclaration à leur sortie. La majorité des députés LR sont "en faveur d'une solution pour sortir de la crise" et veulent "être responsables", a toutefois assuré Laurent Wauquiez lors d'une réunion de groupe.
Seuls absents à cette rencontre: le Rassemblement national et la France insoumise, qui n'ont pas été conviés car, contrairement aux autres, ils "ont tous les deux indiqué rechercher la dissolution", a justifié l'entourage d'Emmanuel Macron.
Une "rupture avec (...) la fonction" présidentielle, a protesté Marine Le Pen, dénonçant "une réunion de marchands de tapis" depuis le congrès des sapeurs-pompiers organisé au Mans où elle a joué à fond la contre-programmation, suivie au milieu de la foule par les caméras des chaînes info.
Le chef de l'Etat a promis mercredi de nommer un Premier ministre d'ici vendredi soir, après deux jours de négociations supplémentaires pour tenter d'arracher, en l'absence de toute majorité à l'Assemblée, un accord de non-censure du futur gouvernement.

L'ancien ministre Jean-Louis Borloo prononce un discours à Aussonne, en Haute-Garonne, le 9 octobre 2025 ( AFP / Lionel BONAVENTURE )
"Je ne comprendrais pas qu'il y ait une renomination d'un Premier ministre macroniste", a toutefois prévenu Agnès Pannier-Runacher, macroniste de la première heure, résumant un état d'esprit répandu dans le camp présidentiel. Le chef du parti présidentiel Renaissance, Gabriel Attal, a aussi à nouveau demandé à Emmanuel Macron de "partager le pouvoir".
- Projet de budget prêt -
Si le nom de Jean-Louis Borloo, ex-ministre de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, a beaucoup circulé ces dernières heures, il semble peu probable que ce soit le choix final.

Les dirigeants des Ecologistes, du PCF et du PS (g-d) Marine Tondelier, Fabien Roussel, Olivier Faure, Boris Vallaud, Stéphane Peu et Cyrielle Châtelain, arrivent à l'Elysée, le 10 octobre 2025 à Paris ( AFP / Ludovic MARIN )
En attendant, l'urgence est de déposer un projet de budget lundi. Le Parlement aura ensuite une fenêtre de 70 jours pour l'examiner, comme le prévoit la Constitution.
Il "ne sera pas parfait", avait reconnu le Premier ministre démissionnaire mercredi à l'issue de ses multiples rencontres avec les partis, et devra être débattu.
Sébastien Lecornu a recommandé à Emmanuel Macron que la future équipe gouvernementale soit "complètement déconnectée des ambitions présidentielles pour 2027", des ambitions qu'il n'a lui-même jamais manifestées.
Bruno Retailleau, qui a précipité la chute du gouvernement Lecornu, a indiqué vendredi qu'il ne resterait pas au ministère de l'Intérieur.
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